L’origine du nom Usclas montre déjà les incertitudes concernant l’Histoire de notre commune. Il serait l'adaptation au français du toponyme occitan Usclats, brûlés (prononcé [ys'klas]), « terre brûlée pour le défrichement ». (1). D’autres sources bibliographiques font référence à des formes du latin USTULATUM « durci au feu » (2) Alors écobuage ou terre durcie au feu comme les terres cuites des amphores gallo-romaines fabriquées dans les « villae » des alentours ?
L’époque romaine a laissé des traces tout autour d’Usclas sans s’y attarder formellement.
La voie romaine de Graufesenque reliant St Thibéry à Millau a été remplacée par l’actuelle route Nationale puis Départementale de Pézenas à Paulhan; un très grand domaine agricole (villae gallo-romaine de Vareilhes) a été fouillé puis remblayé au niveau de l’échangeur autoroutier de l’A75 (3) ; un possible port d’embarquement d’amphores au lieu-dit « Les Fraizaires » en face de Lavagnac qui était aussi un établissement rural actif à l’époque romaine n’est suggéré que par quelques pierres et même des « ornières inscrites dans le substrat calcaire » en rive gauche.
La position stratégique du village vers les gués permettait de traverser l’Hérault, d’abord aux Fraizaires et ensuite par les moulins qui possédaient tous un bac permettant de faire traverser hommes et marchandises moyennant paiement.
Le premier moulin est celui des LAURES dont la construction date du XIème siècle avec déjà un droit de passage associé, et celui de ROQUEMENGARDE qui est mentionné dès 1068 (4) Le premier pont dans la moyenne vallée de l’Hérault à Pézenas sera décidé par Louis IX (St Louis) pour faciliter les marchés de Pézenas et Montagnac mais terminé seulement par son successeur à la fin du XIIIème siècle (1288)
Les premiers documents écrits et conservés mentionnent de nombreuses donations de terre et même de personnes et familles attachées aux terres d’Usclas au profit de l’ordre du Temple à partir de 1185 (5). L’ordre religieux issu des croisades s’établit durablement dans la région avec un siège local à Pézenas. De la Commanderie de Pézenas relevaient la maison de Cazouls avec ses annexes d''Usclas et de Lézignan-la-Cèbe, la maison d'Abeilhan et la maison de Cabrières (6).
Du côté religieux la première mention d'un lieu identifiable est la paroisse Saint Véran «. Elle est mentionnée dans le Cartulaire de Gellone en 1164 « parrochia St Verani de Uslaz » (7), puis dans les archives de l'évéché de Béziers en 1203 « Ecclesiam S. Verani de Usclasio » (8) L'église est encore attestée dans les archives de l'ordre du Temple quand les églises Saint-Pierre de Cazouls et Saint-Véran d'Usclas, avec tous leurs droits et dépendances, sont données, en octobre 1203, par Guillaume IV de Rocozels, évêque de Béziers, à Bermond, commandeur de la Milice du Temple de Pézenas.
L’église de la paroisse St Véran a disparu mais les archives paroissiales de la commune permettent de la situer à côté de l’ancien cimetière qui lui est bien identifié ayant été en service jusqu’en 1926. Eglise ou simple chapelle (St Pierre) elle fut complètement démolie en 1709 d’après les mêmes sources (9)
Si la première église se situait dans la plaine inondable, le village fortifié se rapproche des premières buttes sans être hors d’atteinte des crues dévastatrices. Aucun document ne permet de certifier la date des fortifications mais en se référant aux communes alentour et aux périodes de troubles de la région, on peut l’estimer entre le XIIIème et le XIVème siècle.
L’enceinte se présentait comme un quadrilatère de 41 mètres de côté contre laquelle des habitations étaient édifiées tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Elle était accessible par une seule porte défendue par une tour du côté Nord-Ouest. Autour de l’enceinte l’architecte chargé de la restauration de la Tour suggère que les deux rues ceignant la muraille (rue des Jardins et la rue du Gué au sud) «… évoquent un fossé sensiblement circulaire pouvant recueillir les eaux du petit ruisseau…ce fossé mesurait environ 20 m depuis l’aplomb des murailles » (10). Le fossé devait être alimenté par les eaux de ruissellement canalisées dans le ruisseau de Font-Allinière qui passait devant l’actuelle Mairie ce qui pourrait expliquer l’emplacement choisi.
L’actuelle église Saint BRICE interroge. Elle est adossée aux murailles sans y être intégrée. Celà suggère qu’elle a été construite après la période de fortification primitive, l’ancienne église St Véran étant encore en service au moins en 1497 . La date de construction de St Brice pourrait être 1525 comme suggéré dans les annales paroissiales (9). Depuis, elle a été reconstruite ou restaurée plusieurs fois (1627, 1707...,)
Image : Reconstruction probable des douves autour de l'enceinte de "la ville"
Usclas, d’après les sources existantes n’a jamais eu de Seigneur ni de Castrum Le village était simplement un « grange » c’est-à-dire un domaine agricole regroupant les habitations des paysans. Il est donc fort probable que ce sont les Templiers qui décidèrent de fortifier Usclas pour protéger population et biens matériels (récoltes, troupeaux).
Le Commandeur de l’ordre de Malte (ou St Jean de Jérusalem), qui a remplacé l’ordre du Temple dissous par le roi de France Philippe le Bel en 1307,reste le seigneur des lieux jusqu’en 1792 où les biens de l’ordre sont nationalisés..
Durant les guerres de religion qui dressèrent les habitants des villes et des villages de la région entre eux, Usclas reste muet sur le sujet contrairement à Lézignan-la-Cèbe, Cazouls ou Montagnac. Alors, Catholique ou Huguenot, destruction de l’église ou pas, la notification de la nouvelle église (et paroisse) St Brice apparait dans un acte notarial de 1596 dans lequel le Seigneur Commandeur « assigne la vicairie à Mr François Malric » dans une paroisse qui en est dépourvue (10). A partir de 1600, les Naissances, mariages et décès seront consignés dans les registres paroissiaux jusqu’en 1790. Ils font apparaître les noms des familles résidentes qui ont traversé les siècles: les Foulquier, Serre, Combes, Jourdan, Pons, Bertrand, Saignier, Hugol……
A côté du Seigneur Commandeur qui a aussi les droits de Justice, l’administration communale comporte des Consuls issus du village qui gèrent les affaires courantes (mentionnés en 1452)
A la fin du XVIème siècle, Usclas est un grenier à céréales (froment, seigle et avoine) qui va peu à peu céder sa place aux cultures arbustives, vignes et oliviers dès le milieu du XVIIème siècle (X).Les troupeaux, principalement ovins et caprins servent à nourrir la population ainsi que les jardins potagers. A l’aube de la révolution, la vigne a supplanté les céréales et autres oliveraies mais l’oignon est déjà largement cultivé sur le territoire communal (12).
Bien que la population reste stable durant les premiers recensements (150 habitants en 1792), les habitations sortent des murailles pour migrer vers les faubourgs qui se disent « Barris » (comme s’écrivait encore au début du XXème siècle l’actuelle rue du Barry). Les maisons s’agrandissent et se mettent plus à l’abri des inondations du fleuve en migrant vers les hauts.
Pour mettre à l’abri le centre du village, une digue de ceinture est réalisée à partir de 1911. Elle devra être restaurée suite à de fortes crues de l’Hérault en 1931, 1938 et 1970.
A l’aube du XXème siècle, l’électricité et les premiers éclairages publics sont posés à Usclas en 1904 par la Société Biterroise Force et Lumière.
Le premier maire d’Usclas, élu au suffrage universel direct en 1884 s’appelle Marius HUGOL. Le mandat de 4 ans passera à 6 ans à partir de 1929.
A cette date est élu Maire Mario Roustan: Sénateur de l’Hérault et qui sera six fois Ministre. Il n’est pas originaire d’Usclas, Né à Sète et Professeur à Paris et à Lyon. Il sera réélu à Usclas jusqu’à sa mort en 1942, le mandat effectif étant tenu par son adjoint Séraphin PASCAL
A cette époque la mairie se trouve au-dessus du porche de l’église, position dominante mais bien étroite ; Elle migrera à sa position actuelle en 1936
Enfin la vigne étant devenue la culture prépondérante de toute la région la première cave vinicole privée d’Usclas née en 1901 fur agrandie et fusionnée avec une cave coopérative appelée « L’Usclasienne » dont le fronton Art-Déco affiche la date d’ouverture de 1938. La cave agrandie par des cuves extérieures supplémentaires fusionna avec celle de Montagnac en 1975 et ferma définitivement ses portes en 2008.